au point de lui ôter toute satisfaction de ce qu’il possédait. Le luxe et les plaisirs l’entouraient sans qu’il en jouît ; il souffrait intérieurement, et ceux qui vivaient près de lui savaient quelle tristesse profonde et douloureuse glaçait tout à coup, à une table somptueuse, dans son élégante voiture et à côté de la jeune et jolie femme qu’il épousa dans ses derniers jours, la gaieté vive et spirituelle qui avait brillé jadis dans toutes ses joyeuses paroles. Il demanda plus d’une fois au ministre qu’il défendait quelque place honorable : elle lui fut refusée ; mais, l’eût-il obtenue, l’honneur est dans l’homme lui-même, et rien de ce qui l’entoure ne peut forcer personne à l’estimer s’il ne le mérite pas, comme rien ne peut le consoler de la perte de cette estime.
Est-ce qu’à tout prendre, ce qu’il y aurait de plus habile pour le bonheur, même en ce monde, serait encore d’être honnête homme ?
Ce bon M. de Lancy, qui était aussi honnête qu’aimable, garda la douce gaieté de son esprit jusqu’au jour où la maladie vint le frapper. Aussi ceux qui l’aimaient et l’estimaient ne cessèrent-ils jamais de remplir son salon.