Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/165

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n’existe de tout cela dans un logement nouveau, et il vous faut quelque temps avant de vous y trouver à l’aise comme on l’est chez une intime connaissance. Puis souvent, dans ce vieux bâtiment qui datait d’un autre âge et d’une autre société, la conversation évoquait les souvenirs de cette époque : là avait demeuré l’abbé suzerain de cette riche, vaste et vieille abbaye. Ce prêtre était presque un roi ; il avait de riches domaines, des serfs et des vassaux qui ne relevaient que de lui, et sur lesquels il avait droit de vie et de mort… Nul ne pouvait quitter cette dépendance, et les paysans étaient aussi soumis que les moines au supérieur, qui traitait d’égal à égal avec les rois.

Il y a loin de cela à la liberté individuelle et à la loi égale pour tous ! Cependant ces temps qui nous semblent si rudes avaient certainement des douceurs qui nous sont inconnues. L’esprit qui présida à ces vieilles institutions échappe à présent au grand nombre ; mais il dut être, dans le principe, rempli d’une sagesse équitable et protectrice. Qui de nous pourrait croire, en écoutant le récit des fables du paganisme, que des hommes si éclairés, que leurs lumières illuminent encore