Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/185

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mier essayait, comme la plupart des femmes, de les remplacer par des coquetteries habiles.

Toutes ces coquetteries eussent été innocentes si madame Récamier n’eût pas oublié, dans les soins qu’elle prenait pour retenir ses amis en leur rendant service, que cela nuisait à d’autres. Mais qui n’oublie pas, pour servir l’amitié, ce qu’exige parfois l’esprit de justice ? Qui n’abuse pas un peu de sa puissance pour détourner au profit de ce qu’on aime des récompenses peut-être mieux placées ailleurs ? C’est un plaisir pour le cœur et un triomphe pour la vanité qu’on ne sait guère se refuser !

Mais alors on devient tout-puissant ; car à Paris, dès qu’on a prouvé que l’on possède assez de pouvoir pour imposer une chose injuste, la maison ne désemplit pas. Tout le monde demande quelque chose, et si peu de personnes ont des droits pour obtenir !

Depuis qu’on ne demandait plus à madame Récamier un regard, un sourire, un mot d’amour, on venait lui demander des louanges, des services, des places ; cela valait mieux à ses yeux que l’abandon : elle gardait ainsi une espèce de royauté.