Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/209

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mennais et Béranger, bien qu’ils eussent l’un et l’autre des idées antipathiques à ses habitudes et à ses convictions.

Chateaubriand s’éteignit au moment où sa mort pouvait passer le plus inaperçue. C’était aux funestes jours du mois de juin 1848. Cependant les littérateurs de tous les partis furent fidèles à lui rendre un dernier hommage dans la petite église des Missions étrangères, comme pour attester que la gloire survit à tout ! Ce qui fera vivre celle de Chateaubriand, c’est que les passions ardentes de son âme, communiquées au lecteur par les images les plus vives et les plus colorées, n’éveillent que de nobles sympathies pour le bien et de chaleureuses aspirations vers le beau. On sent qu’il les aimait et s’exaltait pour tout ce qui touche les âmes généreuses : le cachet du génie, c’est d’inspirer l’amour de la vertu.

Le salon de madame Récamier avait perdu sa lumière avec Chateaubriand ; l’absence de M. Ampère en bannissait depuis quelque temps déjà la gaieté ; Ballanche était mort ; une sombre tristesse envahissait la retraite de l’Abbaye-aux-Bois, et les événements politiques étaient de nature à la re-