s’enivrent au bruit qu’ils ont eux-mêmes préparé, croyant tromper les autres comme ces enfants qui pensent s’être cachés lorsqu’ils ont étendu leurs petites mains sur leurs visages !… Quand les années ont donné l’expérience, quand la réflexion a fait connaître la vérité, comment peut-on courir après un vain bruit ? La gloire elle-même perd son prix devant l’instabilité des choses de la terre ; chercher la récompense de ce que l’on fait dans le suffrage des autres, c’est se préparer des mécomptes… La meilleure, la plus belle joie du travail est dans le travail lui-même, dans la réalisation de son œuvre, la création, enfin ! Est-ce que le plaisir de rendre son idée, de l’exprimer, de la propager, ne devrait pas suffire à l’écrivain et à l’artiste, comme il suffit au rosier de produire de belles roses ? Est-ce que l’arbuste qui livre à l’air qu’il embaume les parfums de ses jolies fleurs, est-ce que l’arbre qui prodigue à tous les saveurs de ses plus beaux fruits, attend des éloges et des hommages ? Il remplit sa destinée, voilà tout ; et celle de l’homme n’est-elle pas aussi de jeter incessamment autour de lui les fruits bienfaisants de son expérience et les inspirations salutaires de sa pensée ?
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