Après avoir quitté la Russie, madame Lebrun parcourut encore le reste de l’Europe, s’arrêta à Vienne et à Berlin, et rentra en France sous le Consulat. Mais elle n’y resta pas longtemps : sollicitée de faire un voyage à Londres, elle quitta de nouveau la France, y revint ensuite et en repartit encore ; car madame Lebrun trouvait en tous lieux un accueil brillant qui la charmait et des débris de l’ancienne société française, dispersée dans toute l’Europe depuis la Révolution. Il lui fallait parcourir le monde pour retrouver une partie de ceux qui avaient été réunis chez elle jadis…, et ceux qui manquaient avaient payé de leur vie leur dévouement ou leur puissance ; enfin madame Lebrun, après de longues années de pérégrinations glorieuses et fructueuses, se fixa définitivement à Paris et à Louveciennes, où elle acheta une délicieuse maison.
C’était sous la Restauration, et c’est alors que nous eûmes le bonheur de faire sa connaissance. Un goût très-vif pour la peinture, à laquelle nous consacrions chaque jour de longues heures, nous attirait vers cette célébrité aussi aimable que brillante ; nous en fûmes reçue comme on recevrait