Gérard causait admirablement ; on faisait cercle autour de lui, et il passait successivement des discussions les plus sérieuses, car son instruction était profonde sur tous les points, aux récits les plus variés. Ce jour-là, il raconta gaiement une petite anecdote que je n’ai jamais oubliée, à cause du jour où je l’entendis. Il disait :
— Un peintre, nommé Carlo Pedrero, vit un jour arriver chez lui un jeune seigneur de Florence, qui lui demanda un tableau représentant l’Hymen.
— C’est pressé, dit-il ; je veux l’avoir la veille de mon mariage avec la belle Francesca. Il faut que le dieu de l’hyménée soit accompagné de toutes les grâces et de toutes les joies ; que son flambeau soit plus brillant que celui de l’Amour ; que l’expression du visage soit plus céleste et que son bonheur paraisse plus emprunter au ciel encore qu’à la terre. Faites un effort d’imagination, et je vous payerai votre tableau en conséquence.
Le peintre se surpassa, et ce fut un vrai chef-d’œuvre qu’il apporta la veille de la noce ; mais le jeune homme ne fut point satisfait et prétendit