Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/77

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rencontre avec toutes sortes d’égards, et lui parla avec une déférence qui me donna l’idée d’une réception princière. Ce devait être au moins l’hospodar de quelque Valachie ou Moldavie. C’était bien plus, vraiment ! c’était M. Bertin, qui avec son frère avait fondé le Journal des Débats. J’y vis aussi son frère, qui fut pair de France, et qu’on appelait Bertin de Vaux, pour le distinguer de l’autre. Le public les désignait autrement ; on les nommait : Bertin l’ancien ! Bertin le superbe !

Celui que je voyais là pour la première fois était le superbe ; il n’était déjà plus jeune, mais il était beau et il avait grand air. Du reste, ses manières et ses habitudes répondaient à cette fierté visible. Ainsi il laissait à Duviquet, alors rédacteur du feuilleton de théâtre, la stalle, seule petite faveur octroyée alors par les directions théâtrales, et ne faisait pas même usage pour lui des entrées que lui valait son titre de propriétaire et gérant du journal. M. Bertin louait des loges pour sa famille et payait pour lui, quand il allait seul au spectacle, ne voulant pas, disait-il, être onéreux à qui que ce fût.

Ce respect des intérêts des autres qu’on retrou-