nai le succès avant de le savoir ; on n’a tant d’amis que quand on est heureux ! Au nombre de ces amis empressés était madame la duchesse d’Abrantès, plus empressée qu’aucune autre, car elle était très-affectueuse, très-bonne et très-sympathique aux joies de ceux qu’elle aimait.
C’était le 12 octobre 1836. La duchesse d’Abrantès amenait avec elle une fort belle personne qu’elle me présenta en lui donnant le titre de princesse Lucien Bonaparte. Je n’avais pas vu l’Empire, mon enfance s’était passée en province ; mais le prestige de ce temps merveilleux, de ces grands hommes de guerre et de cette puissance fabuleuse n’en était que plus frappant pour moi. Ce dont on entend parler sans le voir grandit beaucoup dans l’imagination. Quoique j’eusse été élevée dans l’opinion légitimiste, le nom de Bonaparte m’apparaissait toujours entouré d’une auréole de gloire. Ainsi mêlé à ma grande joie, il me fit un immense effet, et l’impression de ce moment m’est encore présente.
Je me trouvai donc ce soir-là entourée de toute ma société et de quelques personnes qui avaient désiré me voir. Il était près de minuit lorsqu’on