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LA GROSSE AIGUILLE.


Il y avait un jour une aiguille à repriser : elle se trouvait elle-même si fine qu’elle s’imaginait être une aiguille à coudre.

« Maintenant, faites bien attention, et tenez-moi bien, dit la grosse aiguille aux doigts qui allaient la prendre. Ne me laissez pas tomber ; car, si je tombe par terre, je suis sûre qu’on ne me retrouvera jamais. Je suis si fine !

— Laisse faire, dirent les doigts, et ils la saisirent par le corps.

— Regardez un peu ; j’arrive avec ma suite, » dit la grosse aiguille en tirant après elle un long fil ; mais le fil n’avait point de nœud.

Les doigts dirigèrent l’aiguille vers la pantoufle de la cuisinière : le cuir en était déchiré dans la partie supérieure, et il fallait le raccommoder.

« Quel travail grossier ! dit l’aiguille ; jamais je ne pourrai traverser : je me brise, je me brise. »

Et en effet elle se brisa.