Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/150

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de voyage, et ils arrivèrent aux hautes montagnes, aux grandes forêts de sapins. Ils montèrent si haut que les tours des églises paraissaient au-dessous d’eux comme de petits fruits rouges au milieu de la verdure, et ils avaient devant eux une immense perspective. Jean n’avait jamais vu une si grande partie du monde ; la lueur du soleil descendait d’un ciel frais et bleu ; les chasseurs donnaient du cor dans les montagnes ; tout était si beau et si béni qu’il lui vint des larmes de joie, et il ne put s’empêcher de dire ; « Bon Dieu, je voudrais pouvoir t’embrasser, tu es si bon envers nous tous ! Et cette magnificence, c’est à toi que nous la devons. »

Le compagnon de voyage était debout et joignait aussi les mains à la lueur du soleil. Il promenait ses regards sur les forêts et sur les villes. Tout à coup un son bizarre se fit entendre au-dessus d’eux ; ils levèrent la tête : un grand cygne blanc fendait l’air ; il était merveilleux, et chantait comme jamais ils n’avaient entendu chanter d’oiseau. Mais sa voix s’affaiblissait de plus en plus, il inclina sa tête et tomba lentement à leurs pieds. Il était mort.

« Ces deux ailes si blanches, si grandes, valent de l’argent, dit le compagnon de voyage, je vais les emporter. Tu vois que j’ai bien fait de demander le sabre. »