Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/159

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princesse au front, l’invita à s’asseoir à côté de lui sur le précieux trône, et la musique commença. De grandes sauterelles noires jouaient.... et le hibou, faute de tambour, se battait le ventre. En vérité, c’était un bizarre concert. De petits fantômes noirs, avec un feu follet sur leur bonnet, dansaient en rond dans la salle. Personne ne put voir le compagnon de voyage ; il s’était placé derrière le trône, d’où il écoutait et voyait tout ce qui se passait. Bientôt entrèrent les courtisans ; ils étaient richement vêtus et prenaient de grands airs ; mais qui aurait vu tant soit peu clair les eût vite appréciés à leur juste valeur. Ce n’étaient que des manches à balais, avec des têtes de choux au bout, auxquels le sorcier avait insufflé la vie et donné des habits brodés. Il n’en fallait pas plus pour parader comme ils faisaient.

Les danses terminées, la princesse raconta au sorcier qu’il s’était présenté un nouveau prétendant, et elle lui demanda conseil sur la première énigme à proposer.

« Si tu veux suivre mon avis, dit le sorcier, pense à quelque chose de si simple qu’il ne puisse même s’en douter. Pense à un de tes souliers : certes, il ne devinera pas. Fais alors couper sa tête ; mais surtout n’oublie pas en revenant demain dans la nuit de m’apporter ses yeux, que je croquerai avec plaisir. »