recteur de la monnaie me frappait de belles pièces ; les femmes me trouvaient gentil garçon. C’est ainsi que je suis devenu ce que je suis. Là-dessus, je vous présente mes respects. Voici ma carte ; je demeure du côté du soleil, et, en temps de pluie, vous me trouverez toujours chez moi. »
À ces mots, l’Ombre partit.
« C’est cependant bien remarquable, » dit le savant.
Juste une année après, l’Ombre revint.
« Comment allez-vous ? demanda-t-elle.
— Hélas ! j’écris sur le vrai, sur le beau et sur le bon, mais personne n’y fait attention. J’en suis au désespoir.
— Vous avez tort ; regardez-moi ; j’engraisse, et c’est ce qu’il faut. Vous ne connaissez pas le monde. Je vous conseille de faire un voyage ; encore mieux, comme j’ai l’intention d’en faire un cet été, si vous voulez m’accompagner en qualité d’ombre, vous me ferez grand plaisir. Je paye le voyage.
— Vous allez trop loin.
— C’est selon. Je vous assure que le voyage vous fera du bien. Soyez mon ombre, vous n’aurez rien à dépenser.
— C’en est trop ! dit le savant.
— Il en est ainsi du monde, et il en sera toujours ainsi, » repartit l’Ombre en s’en allant.