Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

flots, grand Dieu ! dans ce ruisseau ! Que le courant y était fort ! Mais aussi il avait plu à verse. Le bateau de papier était étrangement balloté, mais, malgré tout ce fracas, le soldat de plomb restait impassible, le regard fixe et l’arme au bras.

Tout à coup le bateau fut poussé dans un petit canal où il faisait aussi noir que dans la boîte aux soldats.

« Où vais-je maintenant ? pensa-t-il. Oui, oui, c’est le sorcier qui me fait tout ce mal. Cependant si la petite demoiselle était dans le bateau avec moi, l’obscurité fût-elle deux fois plus profonde, cela ne me ferait rien. »

Vignette de Bertall
Vignette de Bertall

Bientôt un gros rat d’eau se présenta ; c’était un habitant du canal :

« Voyons ton passe-port, ton passe-port ! »

Mais le soldat de plomb garda le silence et serra son fusil. La barque continua sa route, et le rat la poursuivit. Ouf ! il grinçait des dents, et criait aux pailles et aux petits bâtons : « Arrêtez-le,