Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/323

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onze beaux princes, les frères d’Élisa. Elle poussa un cri en les reconnaissant ; elle se jeta dans leurs bras, en les appelant par leurs noms. Eux aussi furent bien heureux de retrouver leur petite sœur si grande et si embellie ; ils riaient et pleuraient tour à tour, et ils comprirent bientôt qu’ils étaient tous victimes de la méchanceté de leur belle-mère.

« Nous volons, dit l’aîné, sous l’apparence de cygnes sauvages, tant que le soleil brille dans le ciel ; mais, dès qu’il a disparu, nous reprenons la forme humaine. C’est pourquoi nous devons toujours au coucher du soleil chercher un point d’appui pour nos pieds ; car, en continuant à voler vers les nuages, nous retomberions comme des hommes dans l’abîme. Nous ne demeurons pas dans cet endroit ; nous habitons, au delà de la mer, un pays aussi beau que celui-ci, mais la route est bien longue ; pour y arriver il faut que nous traversions la vaste mer, sans trouver aucune île où nous puissions passer la nuit. Un seul rocher, étroit et solitaire, où nous tenons à peine, serrés les uns contre les autres, s’élève au milieu des flots. Lorsque la mer est grosse, nous sommes parfois couverts par les vagues ; et cependant nous remercions Dieu de cet asile. Là, nous passons la nuit sous forme humaine. C’est le seul moyen qui nous reste de revoir notre chère patrie, car il