Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/357

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donner ton beau sabre d’or, et ton riche drapeau, et la couronne de l’empereur. »

Et la Mort donnait à mesure chaque joyau pour une chanson, et le rossignol continuait toujours ; il disait le cimetière paisible où poussent les roses blanches, où le tilleul répand ses parfums, où l’herbe fraîche est arrosée des larmes des survivants.

Et la Mort fut prise du désir de retourner à son jardin, et s’évanouit par la fenêtre comme un brouillard froid et blanc.

« Merci, merci, dit l’empereur. Merci, petit oiseau céleste ; je te reconnais bien ; je t’ai chassé de ma ville et de mon empire, et cependant tu as mis en fuite les méchantes figures qui assiégeaient mon lit ; tu as éloigné la Mort de mon cœur. Comment pourrais-je te récompenser ?

— Tu m’as déjà récompensé, dit le rossignol. J’ai arraché des larmes à tes yeux, la première fois que j’ai chanté. Je ne l’oublierai jamais ; ce sont les diamants qui touchent l’âme d’un chanteur. Mais maintenant dors, pour reprendre tes forces et te rétablir : je continuerai de chanter. »

Et pendant qu’il chantait, l’empereur fut pris d’un doux sommeil, d’un sommeil calme et bienfaisant.

Le soleil brillait à travers la fenêtre lorsqu’il se réveilla fort et guéri. Aucun de ses serviteurs