Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, c’est là, mon cher mari, répliqua la reine en voyant la seconde porte également marquée d’une croix.

— En voilà une ! en voilà une ! » dirent-ils tous, car ils virent des croix sur toutes les portes. Alors ils comprirent qu’il était inutile de chercher.

Mais la reine était une femme d’esprit, qui savait faire autre chose qu’aller en carrosse. Elle prit ses grands ciseaux d’or, coupa un morceau de soie, et cousit une jolie petite poche. Elle la remplit de grains de sarrasin, l’attacha au dos de la princesse et y fit un petit trou. Ainsi les grains devaient tomber tout le long de la route que suivrait la princesse.

Dans la nuit, le chien revint, prit la princesse sur son dos et la porta chez le soldat. Celui-ci l’aimait si fort qu’il aurait bien voulu être prince pour en faire sa femme.

Les grains de sarrasin tombaient toujours depuis le château jusqu’à la porte du soldat ; le chien ne s’en apercevait pas. Le lendemain, le roi et la reine apprirent aisément où leur fille avait été. Le soldat fut pris et mis au cachot.

Le voilà donc enfermé. Quelle nuit ! quelle tristesse ! Et puis on vint lui dire : « Demain, tu seras pendu ! » Ce n’était pas une bonne nouvelle, et il avait oublié, le malheureux, son briquet dans l’auberge. Le jour suivant, il vit, à travers