Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/92

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ou bien les règles de l’arithmétique, de sorte qu’on n’avait qu’à manger des gâteaux pour apprendre sa leçon. Plus on en mangeait, plus on s’instruisait.

En ce temps-là, l’enfant croyait à tous ces contes ; mais, à mesure qu’il grandissait de corps et d’esprit, il comprit que le jardin du Paradis devait renfermer bien d’autres merveilles.

« Oh ! pourquoi, disait-il, Ève a-t-elle cueilli le fruit de l’arbre de la science ? Pourquoi Adam a-t-il mangé ce fruit défendu ? Si j’avais été à sa place, cela ne serait pas arrivé ; jamais le péché n’aurait pénétré dans le monde. »

Voilà ce qu’il disait alors, et ce qu’il répétait encore à l’âge de dix-sept ans. Le jardin du Paradis occupait toutes ses pensées.

Un jour, il alla se promener tout seul dans la forêt, car il aimait la solitude. La nuit survint et les nuages s’amoncelèrent. Bientôt tomba une pluie si forte que tout le ciel semblait une cataracte. Il régnait une obscurité telle qu’on n’en voit de pareille qu’au fond d’un puits au milieu de la nuit. Tantôt le prince glissait sur l’herbe mouillée, tantôt il tombait sur les pierres aiguës dont le sol était hérissé. Trempé jusqu’aux os, il fut obligé de grimper sur de gros blocs recouverts d’une mousse épaisse et ruisselante. Il allait tomber évanoui de fatigue, lorsqu’il entendit un bruit