Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/177

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garçon restera et fera attention au linge. Je vais revenir et laver ce qui n’est point fait, il n’y en a pas beaucoup. »

La pauvre blanchisseuse chancelait sur ses jambes. « Je suis demeurée trop longtemps dans l’eau froide, dit-elle. Depuis ce matin, je n’ai eu ni à manger ni à boire. La fièvre m’est entrée dans le corps. Seigneur Jésus, secourez-moi, pour que je puisse retourner à la maison. Mon pauvre enfant ! »

Elle pleurait à chaudes larmes. Le petit aussi pleura, lorsqu’il fut seul à garder la lessive au bord de la rivière. Les deux femmes marchaient lentement. La blanchisseuse se traînait en vacillant par la ruelle. Lorsqu’elle arriva devant la maison du bourgmestre, elle tomba, épuisée sur le pavé. Les passants s’arrêtèrent autour d’elle. Marthe la boiteuse courut à la maison de son amie pour y demander de l’aide.

Le bourgmestre et ses invités se montrèrent à la fenêtre.

« Ah ! c’est la blanchisseuse, dit l’amphitryon, elle aura bu un peu plus que sa soif. Elle se conduit mal. C’est dommage pour son petit garçon, qui est bien gentil et que j’aime bien… Mais la mère est une malheureuse. »

La pauvre femme revint à elle. On la reconduisit dans sa misérable petite chambre. On la mit au lit. Marthe lui prépara un breuvage de bière chaude avec du beurre et du sucre. « C’était là, suivant elle, la médecine par excellence. » Elle retourna ensuite à la rivière, y rinça fort mal le linge ou plutôt ne fit guère que le tirer de l’eau et le mettre dans le panier. Mais son intention était bonne, et c’était la force seulement qui lui manquait.

Vers le soir, elle se trouvait assise à côté de la blanchisseuse dans le pauvre galetas. La cuisinière du bourg-