Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/190

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une petite fille couverte de haillons. Elle était bien gentille, elle avait de beaux cheveux bouclés, et ses yeux étaient du bleu le plus doux. Elle ne disait pas un mot, elle ne pleurait pas non plus ; mais, chaque fois que la porte s’ouvrait, elle jetait un long, long regard dans la cour. Elle ne possédait pas de bouton, et elle savait bien qu’on ne lui en donnerait pas. Et elle resta toute triste, jusqu’à ce que tous eussent vu le monument et s’en fussent allés.

Alors elle s’assit par terre, mit ses mains mignonnes devant ses yeux et éclata en sanglots. Elle seule n’avait pu voir la tombe du carlin. Et c’était un crève-cœur aussi grand que tout autre qu’on puisse éprouver à un autre âge.

Nous avions tout vu du haut de nos fenêtres ; et, vraiment, quand on regarde ainsi de haut les crève-cœur des autres et même les siens propres, on ne peut s’empêcher de sourire.