Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/291

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Et la bonne vieille entra dans l’eau ; avec sa béquille elle atteignit la barque, l’attira sur le bord, et enleva la petite Gerda. L’enfant, lorsqu’elle eut de nouveau les pieds sur la terre, se réjouit fort ; toutefois elle avait quelque frayeur de l’étrange vieille femme.

« Raconte-moi, dit-celle-ci, qui tu es et d’où tu viens ? » Gerda lui fit le récit de tout ce qui lui était arrivé. La vieille secouait la tête et disait : « Hum ! hum ! » Lorsque la fillette eut terminé son récit, elle demanda à la vieille si elle n’avait pas aperçu le petit Kay. La vieille répondit qu’il n’avait point passé devant sa maison, mais ne tarderait sans doute pas à venir. Elle exhorta Gerda à ne plus se désoler, et l’engagea à goûter ses cerises et à admirer ses fleurs.

« Elles sont plus belles, ajouta-t-elle, que toutes celles qui sont dans les livres d’images ; et, de plus, j’ai appris à chacune d’elles à raconter une histoire. »

Elle prit l’enfant par la main et la conduisit dans la maisonnette dont elle ferma la porte. Les fenêtres étaient très élevées au-dessus du sol ; les carreaux de vitre étaient, avons-nous dit, rouges, bleus et jaunes. La lumière du jour, passant à travers ces carreaux, colorait tous les objets d’une bizarre façon. Sur la table se trouvaient de magnifiques cerises, et Gerda en mangea autant qu’elle voulut, elle en avait la permission.

Pendant qu’elle mangeait les cerises, la vieille lui lissa les cheveux avec un peigne d’or et en forma de jolies boucles qui entourèrent comme d’une auréole le gentil visage de la fillette, frais minois tout rond et semblable à un bouton de rose.

« J’ai longtemps désiré, dit la vieille, avoir auprès de