Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

neige ; mais pourquoi ton accent est-il si triste ? Et le petit Kay ? Tu ne sais rien de lui non plus ? »

La perce-neige reste silencieuse.

Que racontent les hyacinthes ?

« Il y avait trois jolies sœurs habillées de gaze, l’une en rouge, l’autre en bleu, la dernière en blanc. Elles dansaient en rond à la clarté de la lune sur la rive du lac. Ce n’étaient pas des elfes, c’étaient des enfants des hommes. L’air était rempli de parfums enivrants. Les jeunes filles disparurent dans le bois. Qu’arriva-t-il ? Quel malheur les frappa ? Voyez cette barque qui glisse sur le lac : elle porte trois cercueils où les corps des jeunes filles sont enfermés. Elles sont mortes ; la cloche du soir sonne le glas funèbre.

— Sombres hyacinthes, interrompit Gerda, votre histoire est trop lugubre. Elle achève de m’attrister. Dites-moi, mon ami Kay est-il mort comme vos jeunes filles ? Les roses disent que non, et vous, qu’en dites-vous ?

— Kling, Klang, répondirent les hyacinthes, le glas ne sonne pas pour le petit Kay. Nous ne le connaissons pas. Nous chantons notre chanson, nous n’en savons point d’autre. »

Gerda interrogea la dent-de-lion qu’elle voyait s’épanouir dans l’herbe verte.

« Tu brilles comme un petit soleil, lui dit-elle ; sais-tu où je pourrais trouver mon camarade de jeux ? »

La dent-de-lion brillait en effet sur le gazon ; elle entonna une chanson, mais il n’y était pas question de Kay.

« Dans une petite cour, dit-elle, un des premiers jours du printemps, le soleil du bon Dieu dardait ses doux rayons sur les blanches murailles, au pied desquelles se montrait la première fleur jaune de l’année, reluisante comme une pièce