Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/301

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« Un peu de raison, un peu de calme, dit la corneille. Je crois, c’est-à-dire je suppose, cela pourrait être. Oui, oui, il est possible que ce soit le petit Kay ; je ne dis rien de plus. Mais en tous cas il t’aura oubliée, car il ne pense plus qu’à sa princesse.

— Une princesse ! reprit Gerda ; il demeure chez une princesse !

— Oui, voici la chose, dit la corneille. Mais il m’est pénible de parler ta langue ; ne connais-tu pas celle des corneilles[1] ?

— Non, je ne l’ai pas apprise, dit Gerda. Grand’mère la savait. Pourquoi ne me l’a-t-elle pas enseignée ?

— Cela ne fait rien, repartit la corneille ; je tâcherai de faire le moins de fautes possible. Mais il faudra m’excuser si, comme je le crains, je pèche contre la grammaire. »

Et elle se mit à conter ce qui suit :

« Dans le royaume où nous nous trouvons règne une princesse qui a de l’esprit comme un ange. C’est qu’elle a lu toutes les gazettes qui s’impriment dans l’univers, et surtout

  1. On appelle ainsi, en Danemark, une espèce de javanais, de langage de convention. On ajoute à chaque syllabe une syllabe qui ne compte pas.