Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/320

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« Ne fais pas la grimace, reprit l’autre, cela me déplaît. Aie l’air joyeux et content. Tiens encore, voici deux pains et du jambon. Comme cela, tu n’auras pas faim. »

Elle attacha ces provisions sur le dos du renne. Alors elle ouvrit la porte, appela tous les gros chiens dans la salle pour qu’ils ne poursuivissent pas les fugitifs, puis coupa la corde avec son couteau affilé, et dit au renne : « Cours maintenant et fais bien attention à la petite fille. »

Gerda tendit à la petite brigande ses mains emmitouflées dans les gants de fourrure, et lui dit adieu. Le renne partit comme un trait, sautant par-dessus les pierres, les fossés. Il traversa la grande forêt, puis des steppes, des marais, puis de nouveau des bois profonds. Les loups hurlaient, les corbeaux croassaient. Tout-à-coup apparut une vaste lueur comme si le ciel lançait des gerbes de feu : « Voilà mes chères aurores boréales ! s’écria le renne, vois comme elles brillent. » Il galopa encore plus vite, jour et nuit. Les pains furent mangés et le jambon aussi. Quand il n’y eut plus rien, ils étaient arrivés en Laponie.