Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/50

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cendu ce qu’il y avait de curieux dans la ville : « Nous avons, me répondit-elle, une nouvelle pompe à feu, système anglais, et la belle bibliothèque du pasteur Bastholm. » Et en effet, c’est tout ce qu’il y avait à voir dans cette petite ville, où chacun était occupé de ce qui se passait dans toutes les autres maisons. Une des plus grandes distractions qu’on y connût était d’entendre tous les jours le postillon sonner du cor en entrant dans la ville.

« Je fus logé chez une brave veuve. À l’école on me plaça dans l’avant-dernière classe, parmi les petits garçons qui venaient d’apprendre à lire ; en effet, je ne savais rien du tout.

« J’étais là comme un oiseau sauvage qu’on aurait enfermé dans une cage.

« J’avais la meilleure intention de m’instruire ; mais je me trouvais ballotté dans tous les sens sur la vaste mer de la science ; la grammaire, la géographie, les mathématiques me faisaient l’effet d’énormes vagues où mon intelligence devait s’engloutir. Je désespérais de faire des progrès.

« Le recteur, qui avait l’esprit caustique, aimait à se moquer de moi et des autres. Je le regardais comme un oracle infaillible, et lorsqu’un jour il m’eut traité d’imbécile, je l’écrivis au plus tôt à M. Collin, en ajoutant que je ne méritais certainement pas qu’on prit la peine de me faire étudier.

« M. Collin m’exhorta à persévérer. J’obtins en effet, peu de temps après, quelques bons points ; lorsque vint l’examen, je conquis même les éloges du recteur.

« Aux vacances, j’allai à Copenhague ; Guldberg me procura les moyens de me rendre à Odensée, où je n’avais pas été depuis que j’en étais parti à l’aventure.