Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/14

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— Monsieur est sans doute un savant ?

— Pas précisément, mais j’aime à me rendre compte de toutes les choses qui me paraissent dignes d’intérêt.

Modestia virtus, la modestie est une vertu. Toutefois l’opinion que vous avez énoncée, quoique bizarre, me paraît mériter l’attention. Ergo suspendo meum judicium, je suspendrai donc mon jugement.

— À qui ai-je l’honneur de parler ?

— Je suis Baccalaurus sanctæ Scripturæ.

Cette réponse satisfit le conseiller ; le titre répondait au costume.

— Sans doute, pensa-t-il, quelque vieux maître d’école, un original, comme on en trouve encore dans le Jutland.

— Quoique ce ne soit pas ici locus docendi (une salle de conférence), continua le bachelier, je serais heureux de converser un peu avec vous. Vous avez sans doute étudié à fond les auteurs anciens ?

— J’aime à lire tous les ouvrages utiles et intéressants, même les modernes ; mais j’ai peu de goût pour les romans, ceux du moins qui sont de mode aujourd’hui.

— Ah ! fit l’autre en souriant ; il y en a cependant qui sont écrits avec esprit. On en fait cas à la cour. Le roi aime surtout celui qui est intitulé : Iffven et Gaudian ; où sont racontées les aventures du roi Artus et des chevaliers de la Table Ronde.

— Je ne connais pas ce roman-là. Il est de Heiberg, sans doute ?

— Non ; il est de Godfred de Gehmen.