Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/222

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celle qu’il fallait ne se trouva pas dans le nombre.

Et les poëtes chantaient à l’envi la plus belle rose du monde, qui était pour chacun d’eux celle qu’il possédait.

— Personne n’a encore trouvé le rosier miraculeux, dit le sage médecin, personne n’a su même indiquer l’endroit où il fleurit.

» Ce n’est aucun de ceux qui croissent sur la tombe de Roméo et de Juliette ni sur le sépulcre d’Héloïse et d’Abeilard, quoique les roses qu’ils produisent embaument d’un parfum éternel les poëmes et les traditions.

» Ce n’est pas non plus celui qui jaillit de la poitrine du héros mourant pour son pays. Et pourtant nulle mort n’est plus belle que celle-ci, et nulle rose n’est d’un pourpre plus éclatant que celle qui se colore à ce sang généreux.

» Ce ne sont pas davantage ces fleurs glorieuses que l’homme, dans une retraite solitaire, cultive nuit et jour, et pour lesquelles il sacrifie sa jeunesse et toutes les jouissances de la vie — les roses magiques de la science. — Non, il en est une encore et plus pure et plus belle !

— Je sais où elle fleurit, dit une mère heureuse en s’approchant avec son petit enfant de la couche de la reine : la rose la plus belle, celle qui exprime l’amour sublime et sans mélange, éclot sur les joues fraîches et vermeilles de mon enfant chéri, lorsque, fortifié par le sommeil, il rouvre ses yeux et me sourit avec tendresse et innocence.

— Certes, cette rose est bien belle, dit le sage, mais il en est une autre plus belle encore.

— Je l’ai vue, moi, dit une dame d’honneur, et je