Aller au contenu

Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment où l’on allait passer la corde au cou du patient.

— Malheureux! lui dit-il, quel crime as-tu commis pour que je te retrouve dans cette fâcheuse position ?

Le Normand furieux riposta par des injures et reprocha au saint homme de ne pas lui avoir bien enseigné la formule miraculeuse.

— Je te l’ai bien enseignée ; mais tu n’as pas fait attention à mes paroles et tu ne les a pas redites comme il fallait. N’importe, si tu veux dire ce qu’est devenu le foie de l’agneau, je te sauverai.

— Il n’en avait pas ! Pourquoi me tourmenter ainsi?

— Il en avait un ; mais tu ne veux pas en convenir. Dis la vérité et je ressusciterai ie mort.

Mais le Normand se mit à crier d’un ton désespéré :

— Pendez-moi! pendez-moi! Je veux que cela finisse ! Il veut que j’aie trouvé un foie dans un agneau qui n’en avait pas ! Pendez-moi bien vite et qu’il n’en soit plus question !

Voyant que le misérable aimait mieux être pendu que d’avouer la vérité, l’apôtre ordonna qu’on le relâchât, et il ressuscita le mort.

Après cette aventure, les deux voyageurs s’éloignèrent du village et le saint dit au Normand :

— Maintenant, nous allons faire le partage de l’argent et nous séparer ; je ne pourrais pas, une autre fois, te sauver de la potence, et ton obstination me fait présumer que tu finiras par y revenir.

Puis il prit l’argent et en fit trois parts.

— Pourquoi trois parts? demanda le Normand; nous ne sommes que deux.