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scientifiques furent mises pêle-mêle dans les greniers de l’Hôtel-de-Ville, aussi maltraitées en 1815, dit M. Marteville, qu’elles l’avaient été en 1794[1].

Cette malheureuse collection, sans cesse ballottée, n’était pas à bout de vicissitudes. En 1819, le musée de tableaux fut encore délogé et transporté dans une ancienne chapelle, jadis annexée par les Jésuites à leur collège, local humide où il fut relégué[2]. Quant au musée d’histoire naturelle, la ville profita de la création d’une Faculté des Sciences, en 1836, pour s’en débarrasser en le donnant à cette nouvelle institution. Il faut espérer qu’il pourra être un jour livré aux études du public studieux.

Une circonstance inopinée vint augmenter la collection archéologique. Lors des travaux exécutés de 1841 à 1845 dans le lit de la Vilaine pour sa canalisation dans la traverse de Rennes, on rencontra, depuis l’endroit où est aujourd’hui construit le pont de Berlin jusqu’à celui où était l’hôpital Saint-Yves, une quantité énorme de monnaies romaines de tous métaux et modules, à partir de la conquête jusqu’au ive siècle de notre ère. Toutes les monnaies ayant cours dans cette contrée pendant ce laps de temps y étaient représentées. Ces découvertes, ainsi que celles du moyen âge dans les couches supérieures, ont été soigneusement décrites dans un ouvrage de M. le docteur Toulmouche[3]. A quelles causes attribuer cet encaissement de monnaies dans un même lieu Diverses hypothèses, plus ou moins admissibles, ont été mises en avant. Nous essayons d’émettre la nôtre. Un passage d’un auteur ancien pourrait donner une indication utile. Suétone, dans la vie d’Auguste, s’exprime ainsi : Omnes ordines in lacum Curtii quotannis ex voto pro salute ejus stipem jaciebant (cap. 57). Ne peut-on pas voir dans l’accumulation successive de ces monnaies à toutes les effigies l’expression de l’ex-voto formé par les Gaulois, à l’imitation des Romains, pour le salut des empereurs, usage païen auquel la

  1. Marteville, Hist. de Rennes, II, p. 271.
  2. Ducrest et Maillet, ibid., p. 549.
  3. Toulmouche, Hist. arch. de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes, 1847, in-4o.