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Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/16

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majestueux, et sa physionomie dénote une haute estime de lui-même ; combinée, bien entendu, avec le dédain respectif de ceux qui l’entourent. Comme il regarde de haut, et froidement, les pauvres gens qui de çà, de là, sur la route, lèvent leurs chapeaux et l’acclament !…

— Qu’a-t-il donc fait ?

— Je suppose qu’il a tété sa nourrice et qu’il a grandi, ce qui est à peu près tout ce que peut avoir fait un enfant de cet âge. Il n’en porte pas moins, vous le voyez, l’uniforme de colonel et le Cordon bleu, la plus haute décoration de ce temps-là, celle qu’on décernait aux généraux qui avaient servi leur pays en de grandes et victorieuses batailles… — Et pour tout dire, à d’autres aussi, qui n’avaient fait que servir les passions du maître.

— Peut-être est-on en carnaval, et va-t-il au bal masqué ?

— Pas du tout !

— Il ressemble au général Tom-Pouce, dont nous avons vu les portraits.

— Parfaitement ! Oui, sauf la différence d’uniforme, et sauf que Monseigneur deviendra grand. Mais le gentil nain, que vos pères ont applaudi sur un théâtre, était un général sans armée ; tandis que Monseigneur possède un régiment…

— De plomb ?…