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Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/18

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comtesse ou marquise. La gouvernante est duchesse.

Mesdames sont des fillettes de huit et six ans, de figure vieillotte. On voit que ces enfances-là n’ont pas assez ri, pas assez joué. Elles aussi se tiennent droites et la tête haute en public, sous l’œil respectueux mais sévère de la gouvernante, qui leur rappelle les prescriptions de l’étiquette, du ton dont, à meilleur droit, on proclamerait les vérités les plus sacrées. C’est que la petite Madame, — la nature se niche partout ! — en longeant la forêt, a émis l’idée fantastique, énorme, de mettre pied à terre sous les belles ramées, là, dans ces clairières fleuries, où le soleil se joue avec l’ombre !…

— Son Altesse ignore-t-elle qu’elle n’est plus dans le parc du château, et que là même ce sont des gardes sans armes qui doivent l’accompagner ?

« L’autre jour, Sa Majesté la Reine [1], précisément en sortant de chez Mesdames, est allée se promener au jardin. Comme elle n’avait point averti, et n’avait à sa suite que des gardes avec armes, cela fit un moment de grand embarras. Et Sa Majesté dut attendre qu’on fût quérir les Suisses, qui étant armés aussi ne purent venir ; et enfin des gardes sans armes

  1. Marie Leckzinska (Mémoires du duc de Luynes).