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Page:André Léo - Les Enfants de France, 1890.djvu/40

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encore, nous sommes loin de la posséder en suffisance ; aussi n’est-il point de spectacle aussi édifiant, plus utile à contempler pour nous, que l’histoire de cette monarchie, des étreintes de laquelle nous sortons depuis seulement quelques années, dont nous sommes encore tout sanglants et tout meurtris, et à laquelle trop de gens songent à nous ramener encore.

Un groupe d’acteurs en riches costumes, sur un théâtre brillamment illuminé, au milieu d’une plaine immense noyée d’ombre, pleine d’embûches et de fondrières, telle est l’image de la monarchie dite du bon vieux temps, et toujours la même aux temps nouveaux. La cour seule vit, festoie, agit, parade, brille. Dans la nuit et le silence, le peuple travaille, souffre et meurt. Louis XIV avait été surnommé par ses flatteurs le Roi-Soleil. Il se montrait vêtu d’habits de soie, de velours ou de brocard, brodés d’or, couverts de diamants. « Le roi, écrit Dangeau, portait sur son habit plus de deux millions de pierreries. » Il faisait chaque jour à ses courtisans des libéralités : gratifications, charges, ou pensions annuelles, qui variaient de 10,000 à 100,000 livres. Son fils, le grand Dauphin, recevait par mois 150, 000 livres[1]

  1. La valeur de la livre en ce temps-là était double de la valeur relative du franc aujourd’hui.