Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/140

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désignant à la jeune fille Vassili qui restait immobile.

— Je comprends ! répondit-elle, en hochant la tête. Et toi ?

— Moi ? Tania ira avec Serge, toi avec Vassili… Moi, je serai seul ! Qu’importe ! Je puis supporter cela, tu le sais !

Lorsqu’on arriva dans la cour, l’obscurité humide et tiède frappa doucement les visages et les yeux, coupa les respirations, s’insinua dans les corps frémissants qu’elle purifia. Il était difficile de croire que ce stimulant était tout simplement le vent, un vent printanier, doux et moite.

L’étonnante nuit de printemps sentait la neige fondue et faisait résonner les pierres. Vives et affairées, des gouttelettes d’eau tombaient en se poursuivant, et leur chute composait avec ensemble une chanson magique. Mais si l’une d’elles tombait plus lente ou plus rapide, tout s’embrouillait en un clapotis joyeux, en une confusion animée. Puis une grosse goutte sévère frappait avec force et, de nouveau la chanson