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LA VIE D’UN POPE

— Cela n’est pas vrai ! Pense à ce que tu dis… Je crois en Dieu !…

Et de nouveau le silence renaît autour d’eux ; mais il y a maintenant dans ce silence quelque chose de caressant, qui baigne doucement la popadia comme de l’eau chaude… ; les yeux baissés, elle demande timidement :

— Si tu voulais, Vassili, je boirais un peu, je m’endormirais mieux, après cela, il est déjà si tard !

Elle se verse un petit verre d’eau-de-vie, hésite un instant, le remplit, puis le vide jusqu’au fond, par petites gorgées précipitées, comme font les femmes. La liqueur lui brûle la poitrine, et il lui vient une envie soudaine de rire, de s’agiter et de faire du bruit

— Sais-tu quoi ? Vassili, nous allons jouer aux « douratchki ». Appelle Nastia, j’aime tant jouer aux « douratchki » !… Vassili, mon chéri, va l’appeler et tu auras un baiser.

— Il est tard, elle dort déjà !

La popadia frappe du pied avec colère.