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LA VIE D’UN POPE

demi-jour blanchâtre ; d’énormes blocs de glace s’étaient formés dès le commencement de l’hiver sur l’appui de la fenêtre, et, à mesure qu’ils fondaient, de longs ruisseaux d’eau glacée couraient sur le plancher.

Même les moujiks, pourtant peu douillets, lorsqu’ils venaient pour commander les messes, jetaient un regard de travers, confus et troublé, sur la misérable habitation du pope, et le diacre en colère, la qualifiait d’ « abomination de la désolation. »

Quand le père Vassili entra pour la première fois dans sa nouvelle demeure, il marcha longtemps et joyeusement à travers les chambres froides et vides comme un hangar, et s’écria d’un ton enjoué :

— Cela va être fameux de vivre là-dedans tous les deux, n’est-ce pas, Vassia ?…

L’idiot se lécha les lèvres et se mit à rire ; sa langue était effilée et longue comme celle d’un animal, et son rire se composait de sons uniformes qui semblaient bondir les uns à la suite des autres : « Ou ! Ou ! Ou ! »

Tout ce changement l’amusait et l’incitait