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LA VIE D’UN POPE

Il adore, d’un amour robuste et sans bornes, ce maître qui commande à la vie et à la mort, et ignore la tragique impuissance des amours humaines.

Joie ! Joie ! Joie !

— Papa ! crie l’idiot à haute voix, papa !

Le pope l’entend et lève la tête ; il entrevoit les murailles nues, le visage méchant et craintif de l’enfant ; il perçoit le gémissement de la tempête en délire, et son âme est inondée d’une angoisse ravie ! L’acte va s’accomplir !… il s’accomplit !

— Quoi donc, Vassia ?… pourquoi ne colles-tu pas ? Colle !

— Papa !

— Qu’est-ce qui t’inquiète ? le chasse-neige ? Eh ! bien oui, c’est le chasse-neige !…

Le père Vassili appuie son visage à la fenêtre, les yeux dans les yeux de la nuit grise, et regarde ; et aussitôt, il murmure avec épouvante :

— Pourquoi Nikone ne sonne-t-il pas ? et si par hasard, quelqu’un s’était égaré