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LA VIE D’UN POPE

l’autre, coude à coude, pût calmer leur angoisse.

Des gens étaient venus des autres paroisses, des bourgs les plus lointains, attirés par des rumeurs ; ceux-là étaient plus hardis d’abord, et parlaient à voix haute ; mais bientôt ils se taisaient comme les autres, avec une sorte d’inquiétude irritée à se sentir garrottés peu à peu dans les mailles invisibles et pesantes de ce silence.

Par les hautes fenêtres ogivales ouvertes pour donner de l’air, regardait un ciel menaçant, d’un rouge cuivré ; dans la lueur ardente et lourde versée par ce ciel, les vieilles dorures de l’iconostase luisaient d’un éclat terne et fané.

Derrière l’une de ces fenêtres, on apercevait la verdure immobile et desséchée d’un jeune érable ; les yeux ne pouvaient se détacher de ses larges feuilles qui déjà pendaient, à demi-mortes ; car, dans le silence des choses, dans le jeu ironique de tous ces reflets dorés, cet arbre avait l’air d’un ami, d’un vieil ami sûr et réconfortant.