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LA VIE D’UN POPE

une flamme de tous les traits de son visage ; et soudain il sanglote, la face abîmée dans les mains.

— Des gouttes ! il faut prendre des gouttes, murmure à son oreille le diacre éperdu. Ah ! Seigneur, voilà qui tombe mal à propos ! Écoutez, père Vassili !

Le pope l’entend, écarte légèrement les mains de son visage, et jette sur le diacre un regard oblique et furtif ; le diacre tressaille d’épouvante à ce regard…

Il s’éloigne de l’autel à grands pas sur la pointe du pied, vient donner du ventre contre la porte grillée, l’ouvre à tâtons et sort précipitamment.

— « … Venez, et donnons le dernier baiser à celui qui n’est plus, ô mes frères, et remercions Dieu ! Il fut pauvre dès sa naissance, et dès sa naissance voué à la tombe, dans sa vie soucieuse et dans sa chair aux passions multiples. Là se trouve aujourd’hui sa famille, là sont aussi ses amis. Voici que nous allons nous séparer… »