Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/31

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ressembler à un mort ; et voici que maintenant, sous cette lumière vive, froide, hostile, effrayante, il lui semblait horrible, impossible même de se mouvoir pour allumer une cigarette ou sonner un domestique. Ses nerfs se tendaient. Les yeux rouges et convulsés, la tête en feu, il étouffait.

Soudain, dans l’obscurité de la maison endormie, parmi la poussière et les toiles d’araignée, la sonnette électrique s’anima sous le plafond. La petite langue métallique frappait de saccades pressées le bord de la clochette sonore. Elle se tut, puis tinta de nouveau en un bruit continu et terrifiant.

On accourut. Çà et là, des lampes s’allumèrent aux murs et aux lustres ; il y en avait trop peu pour que la clarté fût intense, mais assez pour faire apparaître les ombres. Elles se montrèrent partout : elles se dressèrent dans les angles et s’allongèrent contre le plafond, s’accrochant à toutes les saillies, courant le long des murs. Il était difficile de comprendre où se trouvaient auparavant toutes ces ombres taciturnes, monstrueuses