Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! ah ! fit le surveillant, en le voyant le lendemain.

Avec la satisfaction du savant qui vient de réussir une nouvelle expérience, il examina le condamné attentivement : maintenant, tout allait selon la règle. Satan était couvert de honte, la sainteté de la prison et du supplice était manifeste. Indulgent, plein de pitié sincère même, le vieillard demanda :

— Veux-tu voir quelqu’un ?

— Pourquoi ?

— Pour lui dire adieu… Ta mère, par exemple, ou ton frère…

— Il ne faut pas me pendre, déclara Ianson à voix basse, en jetant un coup d’œil oblique au geôlier, je ne veux pas !

Le surveillant le regarda, sans mot dire.

Ianson se calma un peu quand vint le soir. Le jour ressemblait tant aux autres jours, le ciel hivernal et nuageux brillait d’une manière si coutumière, si familier était le bruit de pas et de conversations résonnant dans le corridor, que Ianson cessa de croire à l’exécution. Naguère, il accueillait la nuit