Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LE GOUVERNEUR

sent dans les ténèbres de l’ignorance, car ils ont peur pour eux-mêmes. Excusez-moi de m’être lancé dans cette dissertation ; c’est pour que vous ne me preniez pas pour un de vos partisans, en lisant mes premières lignes, où je vous dis que je suis contre votre assassinat. En outre, je dois ajouter que le 17 août ni moi, ni les camarades qui partagent mes idées ne nous trouvions sur la place ; car nous avions prévu l’issue de la démonstration et nous ne voulions pas passer pour des imbéciles qui croient que des gens de votre classe pratiquent la justice. Maintenant les autres camarades sont aussi d’accord avec nous, bien entendu ; ils disent : « Si nous retournons chez le gouverneur, ce ne sera plus pour demander, mais pour emporter ». Mais c’est aussi une bêtise, d’après moi, et je leur réponds : « Pourquoi y aller vous-mêmes, bientôt on viendra à vous avec des saluts et des paroles aimables. Ce sera notre tour alors. « Monsieur ! pardonnez-moi la liberté que je prends de m’adresser à vous, moi qui ne suis qu’un ouvrier, fils de ses œuvres ; mais je ne peux pas comprendre qu’un homme instruit et moins coquin que les