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LE CAPITAINE EN SECOND KABLOUKOF

« Que Dieu me protège ! » se dit-il, effrayé et se signant. Il n’y a jamais eu de voleurs dans la famille, et moi, je volerais ! Et puis, je serais puni ! Qu’est-ce qu’on n’imagine pas ! » Koukouchkine eut un sourire faux et hâta le pas. Mais les vingt-cinq roubles remuaient dans sa poche ; au dedans de lui-même, quelque chose le poussait sans relâche, jusqu’à ce qu’il eût trouvé une réponse.

« Je dirai que j’ai perdu le billet ! »

« Que Dieu me protège ! » s’exclama une seconde fois Koukouchkine terrifié, et il se précipita par la première porte qui se présenta. C’était celle d’un cabaret.

Irrité et alarmé, le capitaine alla annoncer aux officiers, ses invités, que son ordonnance avait disparu avec l’argent. En rentrant il trouva Koukouchkine à la cuisine, assis sur un banc ; chancelant et reniflant, l’homme cirait avec zèle une botte de l’officier.

— Où es-tu resté, canaille ? Tu es ivre ?