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Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/281

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LE CADEAU

— C’est ce qu’il faut faire, répétait-il. Dès que je me serai peigné, j’irai là-bas. Je dirai : « tiens, mon petit, c’est pour toi ! » Mais tout en parlant, il voyait un autre tableau, la porte grande ouverte d’un cabaret et tout au fond un comptoir maculé d’eau-de-vie. Rempli d’amertume et sentant son invincible faiblesse, il aurait voulu crier longtemps et fort :

— J’irai voir Sénista ! J’irai voir Sénista !

Sa tête se remplissait d’un brouillard gris et vacillant, seul le mouchoir d’indienne émergeait. Et ce n’était pas de la joie qu’il apportait, mais une rude leçon et un avertissement menaçant.