saisissant des horreurs de la guerre russo-japonaise qui eut un immense retentissement dans le monde entier, et le Gouverneur, principale nouvelle de ce volume, épisode véridique et passionnant des récents événements qui ont ensanglanté la Russie. Avec sa maîtrise habituelle, Andréief y analyse l’état d’âme d’un haut fonctionnaire russe qui s’entend condamner à mort par un tribunal révolutionnaire secret pour avoir réprimé avec cruauté une émeute de paysans et d’ouvriers.
On a souvent constaté, et il peut sembler banal d’y revenir, que dans son ensemble l’œuvre des romanciers russes découle d’une principale source d’inspiration : la souffrance. En effet, elle n’en a guère connu d’autre, depuis les pages poignantes de Dostoiewsky jusqu’aux « ci-devant hommes » de Gorky et aux âmes angoissées dont nous parlent les nouvelles d’Andréief.
Cela s’explique facilement. Le peuple russe tout entier gémit sous le joug de l’autocratie ; la liberté, les droits de l’homme, sont encore pour lui un idéal lointain dont la conquête — l’expérience de tous les jours est là pour l’en convaincre — lui coûtera encore beaucoup de sang et de larmes.