plus naturel de briser les presses typographiques, de brûler les fabriques de papier et d’empaler tous ceux qu’on trouverait la plume à la main. »
Il est vrai qu’après le mouvement réformateur de 1860, la censure russe s’est modifiée, et la police ne dit plus aux auteurs russes ce qu’elle disait jadis à l’écrivain Boulgarine : « Ton affaire, c’est de décrire les divertissements publics, les fêtes populaires, les théâtres. Ne cherche pas autre chose ! » Le cercle des sujets permis à la presse s’est élargi. Mais aujourd’hui comme autrefois, la littérature russe ne produit qu’une minime fraction des œuvres quelle pourrait donner.
Néanmoins, les services que cette littérature a rendus à la cause de l’affranchissement de tout un peuple sont immenses. Elle peut à juste titre se montrer fière du rôle prépondérant qu’elle a tenu et tient encore dans la lutte pour la liberté. Elle a réveillé la société, elle lui a donné l’énergie et la vaillance aux moments les plus sombres de la réaction. Elle a sacrifié sa tranquillité, sa vie souvent, pour joindre aux principes la propagande. Et c’est pourquoi le pouvoir la considère comme son ennemie et la persécute.
La littérature russe a eu ses martyrs, qui ont payé de leur liberté et de leur sang le désir de voir la Russie libre.
Pour ne parler que des écrivains contemporains,