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LE GOUVERNEUR

gèreté de l’événement, déclara qu’à Pétersbourg la fermeté et le courage de son père avaient excité l’enthousiasme, mais il conseilla avec insistance de faire venir des cosaques et de prendre des mesures.

— Quelles mesures ? demanda le gouverneur maussade et étonné ; mais il ne put obtenir de réponse nette.

Toute cette inquiétude était d’autant plus étonnante que, dès le jour de l’événement, le calme complet avait régné. Les ouvriers avaient aussitôt repris leur travail ; les obsèques s’étaient passées sans incident, malgré les craintes du préfet de police qui avait mobilisé toutes les forces dont il disposait ; rien ne faisait prévoir que des événements pareils à ceux du 17 août pouvaient se répéter. Enfin, le gouverneur reçut de Pétersbourg, en réponse à son rapport véridique, l’approbation flatteuse des autorités ; il semblait donc que tout était fini et allait tomber dans le passé.

Mais ce ne fut pas le cas. Comme s’il eût échappé au pouvoir du temps et de la mort, le cadavre, privé de sépulture, des événements pas-