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LE GOUVERNEUR

d’un jaune noirâtre. En hiver, à la lumière des lampes, en société, on ne remarquait pas ces défectuosités, mais maintenant, tout cela sautait aux yeux du gouverneur et cette indigence élégante le troublait. Un tableau — un paysage lunaire de l’école italienne — était suspendu de travers ; personne ne s’en était aperçu, il semblait qu’il avait toujours été suspendu ainsi, même sous le gouverneur d’avant et son prédécesseur. Les meubles de prix étaient usés, fanés, râpés, pleins de poussière ; en général, la pièce ressemblait à un salon d’hôtel de première classe, dont le propriétaire serait mort subitement et qui serait géré par des héritiers négligents et jamais d’accord. Il n’y avait rien de personnel dans cette pièce, jusqu’à l’album de photographies appartenant à l’État, ou à quelqu’un l’ayant oublié là, et qui, au lieu de portraits de parents et d’amis, contenait des vues de la ville, le séminaire et le palais de justice, un groupe de quatre fonctionnaires inconnus, deux assis et deux debout derrière les premiers, un archevêque décoloré et un trou rond qui allait jusqu’à la couverture.