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Contre-temps fâcheux, mais qu’il fallait accepter. Amélie ne pouvait renvoyer son protecteur.

— Comment, c’est toi, mon ami, dit-elle. Quelle bonne surprise ?

Et, se composant une mine souriante, elle ouvrit la porte.

Alfred Camus s’élança :

— Chère amie, dit-il… déjà couchée ?…

— Oui… J’avais la migraine…

— Et moi qui venais te chercher pour sortir.

— C’est bien ennuyeux !

— Mais non ! Mais non !… Puisque tu es déshabillée, je vais rest er au contraire.

Et, coulant un œil vers le lit, Alfred ajouta :

— On se couchera tous les deux…

En même temps, il s’avança vers Amélie et l’embrassa.

Geste bien naturel. Si quelqu’un croyait avoir le droit d’embrasser Amélie, c’était évidemment son ami…

Mais il avait compté sans Bijou… d’autant plus qu’il ignorait complètement l’existence de cet intrus qu’il n’avait pas aperçu. Amélie, en effet, avait fourré le singe sous son édredon, où Bijou était resté jusque-là bien sagement, se cachant, plein de méfiance’envers l’inconnu qui survenaïit.

Pourtant, le singe avait sorti à demi sa tête pour voir ce qui se passait

Et ce qui se passait le plongea dans une violente colère…

En apercevant Amélie dans les bras d’Alfred, il poussa un petit cri guttural qui devait être l’indice d’une grande excitation… et il bondit… Il bondit sur la toilette, saisit la bouteille d’eau de Cologne à demi-vide et sautant sur les épaules de la jeune femme, il se mit à asperger Alfred… lequel recula, effaré…

Bijou maintenant crachait vers l’insolent qui avait osé embrasser sa maîtresse… Celle-ci avait la plus grande peine à le retenir et à l’empêcher de sauter sur Alfred pour le mordre… Bijou était jaloux !…

Revenu de sa stupeur, Alfred s’écria :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?… D’où sort cet animal ?

Amélie calmait le singe en le caressant.