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— Comment ! je lui fais peur ? Imagine-t-on cela, ce sale macaque qui voulait m’empêcher de t’embrasser… me priver des baisers de ma petite Amélie… Il ferait beau voir qu’il revînt ici !… Je lui tordrais le cou comme à un poulet…

— Si tu pouvais !… Tu avais plutôt l’air d’en avoir peur ! Et pourtant, il est tout petit…

— Ma chérie, si tu veux bien, ne parlons plus de cet animal !…

« Couchons-nous, ça vaudra mieux !

Ce disant, Alfred caressait Amélie qui se laissa entraîner vers le lit en soupirant. Soupir qu’Alfred ne comprit pas, heureusement pour lui, car il signifiait : « J’aurais préféré le singe ! »

Ah oui ! Elle aurait préféré le singe ! Cette nuit s’achevait pour elle d’une toute autre façon qu’elle l’avait escomptée.

Pourtant, elle voulut se donner encore l’illusion qui lui tenait tant au cœur. Et elle ferma les yeux en se figurant qu’Alfred était un chimpanzé, voire un gorille qui l’avait enlevée et entraînée au fond d’une forêt vierge pour en faire sa compagne.

Mais Alfred ne remplit pas à la satisfaction de sa maîtresse le rôle du chimpanzé et Amélie fut complètement désenchantée.

Pendant ce temps, Bijou que la femme de chambre avait attaché afin qu’il se tint tranquille, Bijou qui continuait à être furieux, était embarqué dans un taxi et reconduit chez Gisèle.

Nous avons laissé celle-ci au moment où Gustave arrivait chez elle en compagnie de son ami Gaston.

Le jeune étudiant, après avoir échangé les baisers coutumiers avec sa maîtresse, lui dit :

— C’est à toi le petit singe qu’Amélie emportait ?

— Oui, c’est à moi. Je l’ai depuis hier.

— Et pourquoi l’as-tu donné à ton amie ?

— Je ne le lui ai pas donné, C’est elle qui me l’a demandé jusqu’à demain.

— Caprice de femme !… Figure-toi que Gaston en était jaloux.

— Oh ! Jaloux ! fit Gaston en riant.