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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/129

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CONCLUSIONS GÉNÉRALES
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hommes n’ont d’influence sur le monde. Telle cette doctrine d’un idéalisme outré qui nous invite à n’admettre qu’une conscience unique et à réduire tout le reste à des représentations fantasmagoriques qui se déroulent en elle, comme s’il n’y avait rien de réel derrière les représentations que nous avons non seulement des minéraux, mais encore des autres hommes, des animaux supérieurs et des plantes. Telle cette doctrine qui pose l’être comme une réalité unique et immuable et prétend réduire le devenir à une véritable illusion alors que l’expérience nous montre à chaque instant et spécialement en nous l’instabilité de toute chose. Telle encore cette doctrine qui veut nous persuader que la croyance ne dépend que de notre volonté, de sorte que, si nous le voulions, nous croirions que notre corps est en verre et qu’il pleut quand il fait soleil ! — Et en même temps qu’ils verront cela, ils le verront sans doute aussi, celui qui, parmi les nôtres, a parlé le plus juste, c’est, malgré ses étrangetés décevantes, cet A. Comte, ce grand Français qui nous a invités à savoir ignorer ce que nous ne pouvions décidément pas connaître et qui a proposé à l’humanité souffrante cette règle de conduite :« Ordre et Progrès ». Ordre assuré par l’amour d’autrui avec la volonté de respect et d’entr’aide qu’il comporte. Progrès assuré par une connaissance meilleure de notre milieu et une habileté plus grande à en tirer parti pour le bien de tous. Qu’ils adoptent cette règle par pur instinct, par esprit religieux ou par calcul, les hommes, s’ils le font, seront ce qu’ils n’ont pas encore réussi à être : des amis fraternellement unis pour une œuvre commune.